Une stabilité précaire et pas destinée à durer

Qu’attendre de la situation si, ni les dirigeants allemands, ni les partis du nouveau gouvernement italien ne veulent évoluer ? Certes, aucun d’entre eux n’a l’intention de déclencher la sortie de l’euro du pays, mais c’est pourtant bien ce à quoi ils pourraient contribuer. Et plus vite qu’ils ne le pensent, ne laissant pas le temps à la nouvelle équipe italienne de préparer la mise en œuvre de son plan B, l’émission d’une monnaie parallèle en euros, qui pourrait la différer au moins un temps tout en redonnant des marges de manœuvre.

Ce temps va-t-il être donné, si l’on considère l’accroissement des dépenses budgétaires que vont représenter la réforme fiscale et l’introduction d’un salaire minimum ? Le seul coût de la première est estimé à 50 milliards d’euros en année pleine, et celui des engagements de la coalition à 100 milliards, soit 6% du PIB. Peut-on raisonnablement penser qu’ils seront financés par de nouvelles recettes budgétaires induites par la croissance qui est supposée en résulter, ainsi que par les coupes sur les programmes de soutien aux réfugiés qui sont proposées par la Ligue ? Le déficit n’a qu’à bien se tenir est-il prédit, mais c’est sur le thème aide-toi et le ciel t’aidera !

Le temps que les marchés vont mettre à réagir est la seule inconnue. Ils vont être les arbitres ultimes de la situation. Et quel sera le seul plan C de disponible au gouvernement en cas de défaillance du B ? Immanquablement la sortie de l’euro. Au bout du compte, le président Mattarella n’aura pas évacué cette issue en changeant d’attribution de portefeuille Paolo Savona…

En Espagne, Pedro Sánchez s’entoure de beaucoup de précautions vis-à-vis de la Commission. Après avoir déclaré reprendre à son compte le projet de budget de 2018 de Mariano Rajoy – gratifications envers ses cibles électorales comprises – pour bien signifier que le temps n’était pas venu d’engager d’autres largesses, il se refuse à faire entrer au gouvernement Podemos, qui le réclame.

Nadia Calviño, chargée de la gestion du budget de l’Union européenne, sera la ministre de l’économie du gouvernement minoritaire de Pedro Sánchez- le PSOE a 84 députés sur 350 sièges – marquant ainsi un geste de bonne volonté envers Bruxelles pour démontrer son engagement à poursuivre la réduction du déficit. Il illustre sa « priorité principale », énoncée aux Cortes, de « respecter les engagements européens » de l’Espagne et de « garantir la stabilité budgétaire et la stabilité macro-économique ». Stabilité aura été le maître-mot de son discours.

La Commission n’a pas manqué de saluer cette future nomination, la composition du nouveau gouvernement devant être annoncée sous peu. La parité homme-femme qui devrait être respectée montre que le nouveau Premier ministre a également pris la mesure du rôle que jouent les femmes dans l’évolution de la société espagnole.

Toutes ces incertitudes donnent plus que jamais une grande responsabilité à Emmanuel Macron. Va-t-il ou non se décider à franchir le Rubicon ? Il ne délivre pour l’instant pas le signal qui signifierait aux autorités allemandes qu’elles sont isolées afin qu’elles en tirent les seules conséquences possibles : à défaut d’évoluer, elles-mêmes se retirer ! Mais les uns comme les autres ont dépassé le point de non-retour, les empêchant de revenir sur une stratégie dont ils vont être les victimes. Ils sont bloqués, ne pouvant ni avancer ni reculer sur l’essentiel, comme les faits l’ont montré.

24 réponses sur “Une stabilité précaire et pas destinée à durer”

  1. Cher M Leclerc
    Je trouve souvent que vous avez trop d’exigence envers Macron. Un homme certe isolé pas simplement par sa fonction mais surtout qui ne comprend pas ce qui se passe et finira par pourrir sur place. L’heure est trop grave pour parler de lui et de ces pieds nickelés de ministres. Vous avez bien compris que l’euro la Commission et le parlement européen ne sont plus que astres morts.

    1. On a bien compris que c’était là votre souhait .

      Avec des arguments qu’on connait , qui sont les mêmes et qui recommencent , derrière des pseudos rampants .

      1. Juannessy
        Vos propos sont insultants mais le plus grave c’est votre bêtise. C’est la deuxième fois que je fais un commentaire, il n’y en aura pas de troisième. Aujourd’hui un débat ce sont deux personnes qui pensent la même chose et vous en faites partie.

    2. On prend les mêmes et on recommence,

      La Commission et le Parlement européen ne sont pas les décideurs en dernier ressort, c’est la réunion des chefs de gouvernements européens qui font ou défont l’Union, évoquer un des acteurs décisifs est donc incontournable. Il s’agit donc de montrer quel est le rapport de force, et compte tenu de ce rapport de force d’évaluer la marge de manœuvre dont dispose le chef de gouvernement (président, 1er ministre, chancelière) qui est aujourd’hui en situation d’arbitre, et en l’occurrence c’est le président français.

      Je renverserais donc votre conclusion, en disant : l’heure est trop grave pour ne pas exploiter la moindre chance qui subsiste de faire mentir le pire scénario, celui de la sortie de l’Euro. IL me semble que c’est la moindre des choses pour un citoyen (ici François Leclerc) inquiet à juste titre de la façon dont les choses évoluent, d’essayer par les moyens qui sont à sa disposition de faire pencher la balance du bon coté, même si les chances sont minces …

      1. « Le pire scénario, celui de la sortie de l’Euro » ?

        J’avoue ne pas avoir de difficulté à imaginer des scénarios largement pires à mes yeux que celui du démantèlement de l’euro.

        Par exemple la généralisation dans toute l’eurozone des politiques de rigueur mortifères appliquées par exemple en Grèce, avec toutes leurs conséquences en termes de précarité, de chômage de masse et de pauvreté.

        Ou en élargissant un peu le cadre une attaque américaine contre l’Iran, ou bien contre la Corée du Nord, etc. etc.

        1. Jacquot
          Oui, bien sûr, on peut aussi imaginer qu’une météorite tombe sur la Terre…
          Quand j’écris ‘le pire scénario’ je fais abstraction de toutes les autres catastrophes naturelles ou politiques qui peuvent arriver par ailleurs, qui seraient des facteurs aggravants, et nous feraient même oublier la disparition de l’Euro, ce qui signifierait que l’on serait passer à un autre stade de l’effondrement généralisé. Cela veut dire qu’effectivement une catastrophe plus grande que celle de la disparition de l’Euro peut survenir, mais raisonner à partir de ce cas n’a aucun intérêt puisqu’il s’agit précisément d’éviter la sortie de l’Euro.
          A la suite de François Leclerc et Roberto, je dirais donc que la situation étant encore plus fragile qu’elle n’apparaît, puisqu’un rien peut précipiter la chute, raison de plus pour s’en préoccuper toutes affaires cessantes comme dirait un certain Paul Jorion.

  2. On aura une première petite idée de la « stabilité » de la situation dans les prochaines semaines avec les rencontres concernant les sanctions économiques de l’UE vis à vis de la Russie .

    1. Juan, vous êtes sibyllins.
      En quoi réside la stabilité?
      Vues les conséquences pour les éleveurs de porcs, entre autres, on pourrait dire que ces sanctions semblent avoir des effets collatéraux importants sur l’Europe et singulièrement la France.
      « Naïveté » avait été l’euphémisme de notre savoyard commissaire.
      Naïveté, automutilation, suicide programmé.

      1. Je dis ça parce , sur le temps long qui est le seul efficace , l’Europe a besoin de la Russie pour se constituer vraiment ( et réciproquement laa Russie aa besoin de l’Europe pour exister vraiment sur la durée ) .

        L’évolution souterraine ( cf Bismark et ses saucisses !) voudrait que France et Allemagne négocient avec les Russes , avec au menu je te donne -tu me donnes , pour , du côté européen rassurer l’Allemagne pour l’aider à accepter de prendre des risques économiques nécessaires pour que la solidarité européenne ne soit pas un vain mot , et du côté russe gagner une ouverture sur le monde qui lui permette de valoriser au mieux pour son propre peuple son immense territoire qui va devenir un enjeu international .

        Mais tout ça n’est peut être qu’un scenario de comptoir , même s’il me serait plutôt sympathique , car je ne vois pas que l’Europe politique , indépendamment des égoïsmes nationaux , pourra se faire sans régler ses rapports avec Moscou .

        Le commentaire de Beylier , me semble accorder aussi de l’importance à ce thème , avec un scenario autre , qui me parait nuisible aux intérêts de fond européens , mais qui est peut être nécessaire si « on ne nous dit pas tout » .

        1. Un truc rigolo , tant qu’on phantasme , serait que le G7 qui a été G8 , en passe de devenir le G6+1 , devienne G7+1 …..

  3. Qui pense sérieusement que les allemands, les français, les espagnoles ou les italiens, et ne parlons pas des belges, puissent se retirer de l’Euro ? Nan sérieux ? ! Y a que les anglais pour le faire, et vu qu’ils n’y étaient pas, ils se sont retirés de l’UE, mais vu qu’ils n’y étaient pas vraiment, on s’en contrefout éperdument.
    AMHA, personne ne lâchera l’Euro commun, jamais. Non ce qui va se passer, c’est une fusion accélérée de l’UE avec ainsi l’émergence d’une véritable Nation moderne préfigurant le Monde Unique de demain, avec standardisation des moeurs et des libertés ainsi que des droits politiques, économiques et sociaux. Vite !

    1. Puisses-tu être entendu CloClo,
      sincèrement.
      Ce serait effectivement suicidaire, en tout cas une énorme et fatale responsabilité de prise si l’un des pays faisait ce qu’il ne faut pas faire pour éviter la désagrégation de l’Euro et très vite de l’Union elle-même.
      C’est très bizarre le climat qui règne actuellement, pendant la crise Grecque tout le monde semblait aux aguets, et là les grands médias font presque comme si de rien n’était, comme si cette crise allait se résoudre d’elle-même sans profondes remises en question. En tout cas, c’en est fini des sorties intempestives contre les Italiens qui auraient mal voté, tout ça remisé aux oubliettes. C’est que l’Italie n’est pas la Grèce ! Ton souhait paraît impossible, impensable et pourtant il faut que cela advienne !

      1. @ CloClo, Pierre-Yves,

        Ne pas oublier la contingence. Tous ces innombrables, ridicules et imprévisibles grains de sable, qui peuvent se transformer en avalanches destructrices dont la cinématique ne peut être comprise qu’après coup.

        L’UE a été construite de manière à ne pouvoir être modifiée que dans un seul et unique sens, celui d’un approfondissement de ses dogmes économiques ineptes. Et il était inconcevable que découle autre chose de ce credo qu’une paix et une prospérité éternelles qui bientôt rayonneraient sur le Monde. Une vision quasi-religieuse d’une rigidité absolue, incapable par nature de s’adapter au chaos du monde ! D’où la destruction de la souveraineté grecque et l’écrasement de son peuple afin que la réalité coïncide avec le Dogme.

        Mais impossible d’agir ainsi avec le Brexit, Trump, les flots de réfugiés ou bien entendu, avec les inégalités croissantes qui provoquent colère, rejet de l’UE et replis nationalistes.

        Impossible de lutter contre le surgissement de la réalité.

        Le TINA ou Junker nous avouant avec candeur qu’il ne peut y avoir de volonté populaire contre les traités européens, signifient simplement que l’UE fonctionne sur un mode a-politique.

        Et la politique à l’inverse de la prétendue ‘science’ économique est un art, celui de la gestion du dissensus et du maintien de la violence à bas bruit. Supprimer la politique au profit exclusif de la ‘science’ économique est se condamner, et à l’impuissance, et à la violence. C’est ce qui est en train de se passer.

        La réalité c’est quand on se cogne…

    2. Une « fusion accélérée », c’est ce dont Emmanuel Macron propose à peu près le premier 1% dans sa tentative de réforme européenne, sur le plan économique avec une augmentation du budget européen. Pour ce premier 1%, c’est déjà Nein, nein et re-nein.

      Pour les autres 99%, ce serait plus dur.

      Or, Macron a raison sur au moins un point : sans des changements fondamentaux à l’union monétaire, l’euro ne survivra probablement pas à la prochaine crise.

      Si l’on ne met pas en application une solution, c’est l’autre qui s’imposera, le démantèlement de l’euro. Pas nécessairement par décision politiquement mûrement débattue et réfléchie d’ailleurs : parfois c’est simplement la pression des événements qui est la plus forte.

  4. Nous allons assister à une course de vitesse entre
    – la nécessité de renforcer l’Euro pour combattre les funestes méfaits de l’extra-territorialité du dollar transformée en forme de protectionnisme américain (voir Total et Peugeot obligés de quitter l’Iran)
    – l’immobilisme frileux des chefs d’Etat européens vis-à-vis de toute initiative d’indépendance envers tonton Otan
    Le tout sous l’oeil goguenard de la Chine, qui se frotte les mains.

  5. Bon, je vois qu’il n’y a pas grand monde prêt à changer de cadre !
    L’ Euro sinon rien ?
    C’est un peu court comme vision politico-économique et a tout du dogme.
    Les économies des pays la zone auraient besoin chacun d’un Euros différent mais il est unique . . . en l’absence d’Union européenne fédérale, la seule variable d’ajustement est le dumping social et salarial.
    Il vaudrait bien mieux en prendre acte et ne pas attendre son effondrement non maitrisé.

    1. M’enfin une UEF ça ne tombe pas du ciel ou ce ne naît pas par génération spontanée du néant ! Si ? Eh béh nan !

      Donc ce foutu billet de banque EURO, oui c’est ça l’Euro, c’est rien d’autre que la manifestation d’une monnaie dans laquelle on place sa confiance, avec la face de la BCE comme gage en garantie. Terminado le Franc, le Mark, la Lire, la Peseta et tant mieux bon débarras ! Y a que les abrutis congénitaux qui veulent revenir à des billets locales gagé sur la tête du client.

      Bien entendu qu’il faut maintenant mettre en route la redistribution et l’harmonisation sociale et fiscale sur tout le continent EURO, et ça va se faire, si c’est déglingués de nationalistes dont la bêtise les rend toujours complice de haute trahison, puisqu’ils sont prêts à servir nos ennemis contre les idéaux progressistes et humanistes qui nous irriguent, veulent bien se réveiller et voir pour une fois dans leur vie au moins où se situe l’échelle « nationale » à minima en 2018…

      Ils se sentent nationalistes ou souverainistes mais ils sont surtout de bons gros clampins à la solde consciente ou inconsciente de Trump ou Xi Jinping ou Poutine selon les jours. Les seuls souverainistes avec de l’allure actuellement sont les pro-européens convaincus. Tous les autres sont des traitres en 2018.

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